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Maria Chalhoub

La mort nous apprend beaucoup.
Elle nous apprend combien le cœur peut contenir de chagrin,
Combien de larmes peuvent couler, sans jamais êtres séchées.
Elle nous fait réaliser la fragilité de nos être aimés,
Mais surtout, le fait que le malheur soit le voisin de tous, et un jour, l’invité de chacun.

La mort nous apprend aussi que la vie n’est pas qu’ici, n’est pas qu’à nous.
On aimerait, lorsqu’un être cher nous quitte, retrouver autour de nous les ruines de ce qu’il a construit, traces de son être et seul vrai témoin de tout ces souvenirs qui nous brisent.

C’est pourquoi, chaque décès devrait non pas nous faire couler dans les abîmes du chagrin, mais nous ouvrir les yeux sur l’humanité.
Tous partent, elle seule perdure.
Tout ceux que le départ effraie, tous ceux qui aspirent à l’éternité, auprès de leur proche, ou dans la simple lumière de la terre, tous ceux là peuvent combattre la mort, peuvent la faire reculer aux seules larmes de la séparation.

Nous pouvons tous faire vivre un être parti tôt, nous pouvons étaler aux yeux du monde la grandeur de son âme et de ses fait, en tentant, pour l’amour de cet être, de construire des morceaux de bonheur à autrui, d’atténuer les moments de peine d’autrui.
Nous pouvons également le faire pour nous, pour se sentir vivre pleinement, ne pas avoir de regret lorsque l’heure de notre départ approchera, si jamais nous avons la chance de le sentir arriver. Nous pouvons tenter de respirer autant d’air venu d’autant de régions du monde, de parler à tous ces hommes partout qui comme nous naissent et meurent, mais pour qui nous pouvons réaliser tant de choses.

La vie ne s’arrête pas à notre seule existence, ni à celle de ceux que nous aimons. Aimons le monde, étendons nos envies et nos buts sur beaucoup plus d’âmes. Le départ des plus proches n’en sera que moins rude, un point sombre dans toute la grandeur de l’humanité, parsemée de marées de chagrin, tellement plus profonds que ceux que nous pouvons traverser.

Je pense que tu aurais été de mon avis, Tatie Ouidad. Donner plus que recevoir, pour oublier ce que l’on n’a pas, ce que l’on a perdu.

J’essaie aujourd’hui de faire le deuil d’un être cher, tant pour moi, que pour une amie, une sœur, dont chaque larme me brûle le cœur. Que sa maman repose en paix, et qu’elle soit fière d’avoir laissé ici bas une perle, un morceau d’honneur et de pureté, une fille que Dieu guidera, vers une destinée meilleure dont il connaît lui seul le chemin. Accompagnée de chacun d’entre nous, avec tout notre amour pour toujours.

Merci beaucoup pour tout Tatie Ouidad, « oui j’ai assez mangé », « non merci tatie, arrête de te faire du souci pour nous, ne t’embête pas on le fera nous même », « oui tout le monde va bien tatie merci»…

Merci de m’avoir maternée quand j’étais loin de chez moi,
D’avoir voulu m’offrir une place dans ta maison,
D’avoir été à l’écoute de chacun de mes mots, à l’affût de mes petites envies, « on t’a fait un mloukhiye tatie », « viens manger du couscous à la maison tu aimes le couscous »… Je ne pense plus pouvoir manger de ces plats, sans te revoir là à me resservir, sans avoir même touché à ta propre assiette. Un détail parmi tant d’autres.

J’ai eu la chance de rencontrer tes proches, une famille merveilleuse que tu laisses en peine, mais qui autour de ton souvenir, je pense, sera plus que jamais unie. Tu es ce noyau fort, avec tellement d’amour donné, tellement d’hommes et de femmes élevés, d’enfants guidées, que je te vois là en chacun d’eux, et je suis rassurée de savoir qu’une personne comme toi ne sera jamais vraiment partie.

Merci aujourd’hui de nous donner l’envie d’être meilleures. Les portes du Paradis te sont ouvertes, à nous de suivre ton exemple pour t’y retrouver un jour.

Al Fatiha