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Comment bien punir ses enfants ?

L’ère des enfants rois

 

« Aujourd’hui, reconnaît le pédopsychiatre et psychanalyste Patrick Delaroche, trop de parents ne savent plus punir leurs enfants. » Pourquoi ? Parce que le seul mot de punition sonne mal : il nous ramène des décennies en arrière, quand fessées, claques, volaient pour presque rien. C’était l’éducation à la dure, héritage d’une tradition séculaire n’accordant à l’enfant aucun droit, seulement des devoirs d’obéissance aveugle. Depuis, des générations de spécialistes ont mis en avant l’influence de l’attention parentale sur le fonctionnement psychique et affectif de l’enfant.


La fin des années 1960 est également passée par là, avec son « interdit d’interdire » qui a dépassé le cadre sociétal pour s’introduire dans les foyers. Résultat : un assouplissement certain dans les relations parents-enfants, où l’amour a remplacé les principes de droit et de devoir.

Freud a insisté sur le « besoin de punition » ressenti par l’enfant conscient d’avoir fauté. Si ce n’est pas l’autorité parentale qui applique la sanction, l’enfant risque de s’en charger lui-même, notamment par le biais de pratiques autopunitives (privations volontaires, conduites à risques, anorexie, mutilations…).

 

Un sentiment de culpabilité

 

« Est-ce que je ne vais pas le traumatiser ? », « Est-ce que je serai une bonne mère ? » D’après la psychologue Anne Bacus, ce sentiment de culpabilité pèse surtout à notre époque, où une « hyperpsychologisation des liens et des comportements » a fait perdre aux parents leur confiance en eux.

Agressivité que le parent a du mal à supporter, car il la considère comme la preuve d’un désamour.

 

Réaffirmer la règle

 

C’est oublier que le rapport d’éducation n’est pas un rapport de séduction. «L’éducation repose sur un système de règles qui doivent permettre à l’enfant de comprendre la différence entre ce qui est autorisé et ce qui est interdit. Mais si la sanction est le geste par lequel le parent vient réaffirmer la règle. Le discours parental doit être sans ambiguïté : par exemple, plutôt que « Je souhaiterais que tu rentres avant minuit », préférez « Je te demande d’être là avant minuit ». L’intonation, les regards et la gestuelle doivent aller dans ce même sens.

Dire « Je t’interdis de sortir » avec la même voix que « Je te propose de rester avec nous », ou sourire en affirmant « Ce que tu as fait est dangereux », c’est faire perdre toute crédibilité à l’injonction.

 

Des punitions justement calibrées

 

Eduquer, c’est responsabiliser. Les meilleures punitions seront donc toujours celles qui serviront cette responsabilisation. Comment ? Anne Bacus propose d’anticiper : « Je veux que tu ranges ta chambre. Si tu ne le fais pas, alors tu devras aussi ranger le salon. » Il s’agit d’inciter l’enfant à aller dans le sens d’une obéissance raisonnée. S’il désobéit ? « On ne négocie pas, on s’en tient à ce qui a été convenu. »

Il ne faut surtout pas réprimer de la même façon : un retard, une insulte ou un mensonge.

 

Un ultime recours

 

« A tout âge, les privations sont les sanctions les plus efficaces », affirme Jean-Louis Le Run. Mais pas n’importe quelle privation : « Il faut viser des activités stériles et non celles qui lui permettent de s’épanouir ou qui lui sont vitales (sport, art, nourriture). »

Patrick Delaroche conseille, lui, le recours à des punitions qui engagent le corps : ranger, tondre le gazon, nettoyer… Pourquoi ? Parce que le but d’une punition est de soulager l’enfant d’une culpabilité ; il sait qu’il a mal agi et s’en veut. Ces punitions sont surtout valables pour les enfants de plus de 5 ans.

 

Raisons d’éviter la fessée

 

Elle est un aveu de faiblesse : le parent montre qu’il n’a pas su se maîtriser.

Elle banalise la violence : l’adulte laisse entendre que frapper est le seul moyen de mettre un terme à un conflit.

Elle est humiliante.

Elle est inefficace : si l’enfant lâche prise, c’est par peur, non par raison.

 

Source : http://www.psychologies.com/Famille/Education/Autorite-Transmission/Articles-et-Dossiers/Comment-bien-punir-ses-enfants/75-raisons-d-eviter-la-fessee