Biographie

Biographie Ouidad Hachem

Du 3 avril 1961 au 4 avril 2014

Ouidad Hachem est née le 3 avril 1961 à Dakar. Elle est l’ainée d’une famille de 7 enfants, issue de la diaspora libanaise d’Afrique.

Ses grands-parents s’y sont installés dès le début du 20e siècle, dans le sillage d’une vague d’immigration encouragée par la France. Cette immigration voulue par la France avait pour finalité de voir les immigrés libanais constituer un relais ou une communauté-tampon entre les autochtones et les responsables des comptoirs français sur les côtes de l’Afrique de l’Ouest.

Comme une grande partie de cette diaspora, ses parents et grands-parents étaient des commerçants tournés vers l’Afrique, espérant y réussir dans le secteur de la commercialisation de l’arachide et de la vente des textiles.

Priorité à l’éducation

Dès son plus jeune âge, Ouidad fait de l’éducation sa priorité : elle décide de s’inscrire dans un processus à l’opposé de la tradition mercantile des générations qui l’avaient précédé, et affirmera avec ténacité et détermination cet engagement. Issue pourtant d’une communauté orientale, son idéal se distingue de celui des jeunes filles de son époque. Insatiable de culture et de savoir, elle fera de l’éducation sa priorité. Ces valeurs, elle les inculquera autour d’elle, en imprégnant tous ceux qui l’entourent, principalement ses frères et sœurs ainsi que par la suite ses enfants et neveux.

Donner pour exister

Tout au long de sa vie, « la petite maman » consacrera la majorité de son temps à donner le meilleur d’elle-même à son entourage. Elle était toujours prête à se priver des activités de loisirs afin de contribuer à l’éducation de tout un chacun. Elle était de ces personnes, qui ont besoin de donner pour exister.

Un modèle de réussite

Sur les bancs de l’école Ouidad se forge dans un moule de rigueur et d’assiduité chez les Sœurs de l’Immaculée Conception de Dakar .Elle débutera ses études secondaires à l’Institut Sainte Jeanne d’Arc, où elle brillera à 18 ans par l’obtention du baccalauréat D avec félicitations du Jury en 1979.

Elle entamera ainsi ses études à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar où elle excellera une fois encore par l’obtention en 1985 du diplôme de Docteur en Pharmacie – terminant major de sa promotion.

De Bangui à Paris

En 1986, Ouidad suit son époux Dr.Souheil Akar en Centrafrique, où elle ouvrit la Pharmacie de la Paix. Après quelques années à Bangui, elle devra quitter la Centrafrique et ce, suite à l’instabilité politique et sécuritaire qu’a connu ce pays.

Elle décide alors de s’installer à Paris en 1994, où elle apprend que son diplôme de pharmacienne nécessite une équivalence en France : armée de courage, elle retourne sur les bancs de l’université, et reprend ses études de Pharmacie, à Paris XI. Elle y soutient une seconde thèse, portant sur le Tamoxifene et l’Hydroxytamoxifene. Elle travaillera alors 7 ans, dans sa pharmacie, rue des Petits Champs dans le quartier de l’Opéra à Paris.

Le retour aux sources

Mais, désireuse de mieux connaître ses racines, Ouidad s’envole vers le pays de ses parents qu’elle ne connaissait pas, et s’installe à Beyrouth en 2001. Elle y crée une nouvelle pharmacie, « Al Markaziah », dans le quartier émergent de Solidere auparavant dévasté par la guerre civile, et dont la rénovation fut le projet emblématique de feu Rafic el Hariri.

Se souvenir et sourire

C’est à « Al Markaziah » qu’elle prouvera son entière dévotion aux autres. Des voisins, des passants, des clients devenus fidèles s’attachent à cette femme toujours disposée à les conseiller, à les aider, au-delà souvent de ses devoirs inhérents à son statut de pharmacienne. Elle acquiert en peu de temps une notoriété sans égale, par cette générosité, et construit une image qui restera celle d’une femme courageuse, travailleuse, mais surtout à l’écoute de son prochain.

C’est dans ce quartier, à la fin d’une journée de travail, que la mort frappa tragiquement Ouidad, le 04 Avril 2014. Elle laissera derrière elle Mohamed 27 ans – diplômé de l’Université Saint Joseph de Beyrouth avec une Licence en Gestion et Management et un Master en entrepreneuriat et nouvelles technologie, et Maya 23 ans – diplômée de l’Université Saint Joseph avec une Licence en sciences économiques et de l’Ecole Supérieure des Affaires avec un master en Management spécialité Finances.

Le jour fatal:

Cela n’arrive Pas Qu’aux Autres

Maya et D. sont de la même génération, mais ne se connaissent pas. Le 4 avril 2014, D. aura privé Maya du bonheur de dire « maman ». La faute à qui, à quoi ? La fougue de la jeunesse ? L’inconscience des parents ? Le système défaillant de prévention des accidents et de sécurité routière ? De réponse, il n’y en aura pas. Pourtant le drame a frappé. Cette histoire pourrait vous paraître anodine, juste un fait divers suscitant de la compassion et on dira tout simplement comme on le dit au Liban « Haram ». … Mais cette histoire sera peut-être celle de votre mère, de votre sœur ou de votre fille. Il est 17 heures quand Ouidad Hachem ferme sa pharmacie du centre-ville. Le ciel est bleu, le temps agréable et donc propice pour rentrer à pied chez elle. Le week-end s’annonce gai aux côtés de sa famille. C’était

Malheureusement pour elle avant que la mort ne vienne la surprendre brutalement. Le coup sera fatal. Lorsque son corps heurté par le bolide s’envole, c’est la vie qui s’envole aussi, et avec elle, tous les espoirs d’un bonheur complet dont elle a été brutalement privée. Au volant, une jeune fille de 19 ans, dans la fleur de l’âge, avide de sensations fortes, qui cherchait sûrement à tester ses limites. Lorsque les deux chemins se croisent, c’est sans retour. La vie est injuste, dira-t-on. La veille, Ouidad soufflait ses 53 bougies sur le gâteau. Elle menait une vie saine, rythmée par ses journées de travail et sa vie de mère. Une femme attentionnée, sérieuse, toujours aux petits soins pour les autres. Aujourd’hui, dans nos souvenirs, nous gardons l’image d’une femme toujours prête à soigner la moindre blessure. C’est dans un cri de douleur que les proches s’interrogent et cherchent à comprendre. Le choc était-il inévitable ? Les croyants diront « Maktoub », d’autres dénonceront le laxisme des Autorités. Et pour ce qui est de cette jeune fille de 19 ans, les sentiments qui s’emparent de nous deviennent contradictoires. Faut-il lui en vouloir ? La punir ? Trop de questions qui restent sans réponse. Ouidad, tu auras été dévouée toute ta vie, te mettant systématiquement au service des autres. Aujourd’hui, sache-le, les circonstances brutales de ta mort ne seront pas sans suite. Ouidad, ta mort, après tant d’autres, sera-t-elle le coup d’envoi d’un réveil des consciences de tout un chacun ? Combien faudra-t-il encore de vies perdues pour réagir ? Repose en paix. Ta famille et tous ceux qui t’ont connu et à qui tu manques tant ne t’oublieront pas. Tu resteras éternellement dans nos cœurs.