Nouvelles & Evènements

Retour

Idées scientifiques à jeter

“What are the ideas that should take their leave, according to you?” This was the question asked to 200 researchers on an American debate website. We have selected six answers and which Édouard Gentaz, director of the research at the CNRS commented on. Science is a living subject: New ideas appear, others fade out and several of them are up for debate.

Cerveau gauche et cerveau droit sont indépendants

 

« Tu es trop cerveau gauche » (siège de la rationalisation et de l’analyse) ; « Je voudrais bien développer mon cerveau droit » (celui de la créativité et de l’imagination)… Pour Sarah-Jayne Blakemore, professeure de neurosciences à l’université de Londres (Royaume-Uni), cette idée est un non-sens physiologique. Bien que notre cerveau soit constitué de deux hémisphères, cerveau gauche et cerveau droit sont en constante communication, il est impossible à un hémisphère de fonctionner sans l’autre.


Le regard d’Édouard Gentaz : «Développer son cerveau gauche ou droit n’a pas de sens. »

 

L’humanité est composée de races

 

Voilà une donnée qui n’a plus aucune raison d’être, affirme Nina Jablonski, anthropobiologiste et paléobiologiste à l’université de Pennsylvanie (États-Unis). L’idée selon laquelle les humains sont divisés en groupes hiérarchisés est apparue en Europe sous la plume des philosophes David Hume et Emmanuel Kant. Désormais, le décryptage du génome (identification des fragments d’ADN qui nous constituent) le démontre : nous sommes semblables à 99,99 %. Les « races » n’existent pas.


Le regard d’Édouard Gentaz : « D’un point de vue biologique, c’est exact. Mais les cultures et les ethnies existent et ont des spécificités. »

 

Les animaux sont dépourvus d’intelligence

 

En dépit de nombreuses études qui démontrent l’existence de l’intelligence animale, nous restons persuadés que les humains sont les seuls êtres vivants capables de penser, explique Kate Jeffery, professeure de neurosciences du comportement à l’University College de Londres (Royaume-Uni). L’imagerie médicale a permis de découvrir que le cerveau des animaux est proche du nôtre. Ainsi possédons- nous les mêmes circuits neuronaux. Si nous sommes intelligents, il est temps d’admettre que les créatures pourvues d’un cerveau semblable au nôtre le sont aussi.


Le regard d’Édouard Gentaz : « Les animaux sont pourvus d’intelligence. Comme les humains, les fourmis, les oiseaux… ont des intelligences multiples, cognitive et sociale. »

 

Le quotient intellectuel (QI) est un marqueur d’intelligence

 

Une mesure globale de l’intelligence ou des compétences mentales est semblable à une mesure globale du « corps », qui ne prendrait pas en compte la variété et la spécificité d’organes et de fonctions comme le cœur, les reins, l’estomac, la circulation… Quid, par exemple, de l’évaluation des capacités émotionnelles ou créatives ?


Le regard d’Édouard Gentaz : « Je suis d’accord avec l’abandon du QI, mais je ne suis pas d’accord avec l’abandon des tests d’intelligence, qui doivent être complétés. Nous avons besoin d’un outil standardisé. »

 

Toutes les addictions sont néfastes

 

La consommation excessive de drogue, de sexe, de jeu ou de nourriture entraîne des dégâts humains, sanitaires et sociaux. Helen Fisher, bio-anthropologue à l’université de Rutgers (États-Unis), propose d’y adjoindre une addiction supplémentaire : l’amour. Mais, précise- t-elle, contrairement aux autres, il s’agit là d’une addiction positive ! Il a été montré que les régions cérébrales de la récompense étaient activées par l’amour, comme par le jeu et la drogue… La raison de cette « addiction » naturelle ? Nous pousser à former un couple stable pour élever nos enfants.


Le regard d’Édouard Gentaz : « Savez-vous que le domaine des addictions est neurologiquement l’un des plus complexes ? On ne sait pas bien comment aider les personnes à s’en sortir. Alors, considérer l’amour comme une addiction, pourquoi pas ? »

 

L’idée à jeter d’Édouard Gentaz : tout se joue avant 6 ans

 

« Rien de plus faux que cette assertion. En vérité, tout se joue tout le temps. À la naissance, le bébé n’est pas une page blanche et cette plasticité se rejoue en permanence, y compris à l’âge adulte. Il y a de l’espoir ! Que les parents cessent de se sentir coupables lorsqu’un enfant connaît des difficultés : tout reste ouvert, chaque moment important de leur vie a une influence, mais tout dépendra de la manière dont l’enfant le vivra, le pensera, et dont sa famille lui en parlera. »


Source : http://www.psychologies.com/Culture/Savoirs/Sciences/Articles-et-dossiers/7-idees-scientifiques-a-jeter